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ANIMAUX HISTORIQUES

genou en terre, de tous les coursiers que nourrit, dans ses haras, la Thessalie, nul n’est plus beau que celui-ci ; et comme je ne connais point dans le monde de prince plus illustre que Philippe, j’ai pensé qu’il te revenait de droit. Je te l’offre donc moyennant la somme de seize talents. »

Il ett été difficile, en effet, de rencontrer un plus noble animal que celui dont parlait le Thessalien. Il était là, redressant fièrement la tête, frappant du pied la terre, et chassant l’air de ses naseaux brilants. Une tête de bœuf, qu’il avait parfaitement marquée sur l’épaule, lui avait fait donner le nom de Bucéphale.

« J’accepte le marché, répondit Philippe, si ce cheval répond à l’éloge que tu en fais. Qu’on en fasse donc l’essai. »

À ces mots, plusieurs écuyers s’approchent, et l’un d’eux se dispose à le monter. Mais aussitot le noble coursier bondit, se dresse sur ses deux pieds de derrière, se cabre, et, s’élancant, renverse tous ceux qui veulent tenter de lui imposer un frein. Il fallut bien renoncer à cette entreprise, les plus hardis déclarant que cet animal était indomptable, et de tout point incapable de pouvoir jamais servir, tant il était farouche et sauvage. Déja Philippe avait donné l’ordre de le remettre au Thessalien, lorsque Alexandre s’écria :