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tour, tirant prétexte de la capture de l’enseigne Ward, ordonna de faire feu sur le parlementaire et sur son escorte, qui furent tués ou pris. Cet acte, si contraire au droit des gens et que les Français qualifièrent hautement d’assassinat, ne pouvait manquer d’exciter chez les nôtres la colère et la soif de la vengeance. M. de Villiers, frère de Jumonville, fut aussitôt lancé contre les Anglais avec 600 Français-Canadiens et une centaine de sauvages. Cette troupe se comporta, comme on pouvait s’y attendre, avec un courage que doublait l’exaspération. Le fort « de la Nécessité » où s’était réfugié Washington, était défendu par 500 Anglais et neuf pièces de canon ; au bout de dix heures de combat et malgré une pluie torrentielle, notre mousqueterie força l’artillerie anglaise à cesser son feu. Les Anglais qui avaient eu 90 hommes tués ou blessés à mort et beaucoup d’autres blessés légèrement, se décidèrent à capituler.

« Nous pourrions venger un assassinat, dit M. de Villiers à Washington, nous ne l’imitons pas[1]. »

La fuite des Anglais après la signature de cette capitulation fut si précipitée, dit un témoin, qu’ils abandonnèrent jusqu’à leur pavillon. Cette victoire ne nous avait coûté que deux Français tués et 70 blessés.

Ces évènements, se produisant en pleine paix, ne faisaient que trop pressentir une guerre imminente. La

  1. Cf. Dussieux : Le Canada sous la domination française (2e édition). Grâce aux nombreux documents qu’il a consultés aux Archives de la marine, c’est l’ouvrage le plus sûr pour tout ce qui concerne les opérations militaires de la guerre franco-anglaise à partir de l’époque où nous sommes parvenus.