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sième ; je trouvai le jeune homme aux cinquante louis ; je le reconnus, il me remit. « Je suis le père de la jeune dame à laquelle vous avez offert cinquante louis. — Je les lui tiens, trois coups en une heure, soit. — En ma présence ? — Et de tout Paris si vous voulez ! mais, bougre, ne va pas me jouer ?… — Non, mais une heure sans bruit. — Foi d’homme ! partons… » Il prit cinquante louis.

Arrivés tous deux, je dis à ma fille : « Voici l’homme qui t’a plu ; tu as besoin de cinquante louis, il te les apporte, il les faut gagner… » Conquette rougit sans rien répondre. L’homme se déculotta, lui vint prendre les tétons et le con, puis il me dit : « Serrez l’argent ; ce con satiné, ces tétons veloutés le valent. » Je le serrai tandis qu’il renversait ma fille sur le foutoir ; elle fit un cri. « Oh ! monsieur, mon cher monsieur, ne me faites pas trop de mal… — Seriez-vous donc pucelle ?… — Hélas ! oui… » Il l’enconna avec fureur. Elle soupira, cria et déchargea… « Elle est adorable, disait le fouteur enragé », car il foutit et refoutit sans pitié, comme sans déconner, ses trois coups de suite.

Ma fille tantôt le caressait, tantôt lui demandait grâce, mais elle déchargeait toujours… Il déconna ravi, et voyant quelques gouttes de sang que ses brusques estocades avaient fait couler, il dit : « Oui, vous êtes d’honnêtes gens, un pareil pucelage n’est pas assez payé cinquante louis, je vais vous en envoyer cinquante autres. (Ma fille était disparue pour s’abluer.) Oui, si je n’étais pas marié, ajouta-t-il attendri, je l’épouserais et pour son pucelage et pour son