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la tête remplie d’idées noires Je la suivis à vingt pas, la couvant des yeux pour la préserver de toute mauvaise rencontre ; je bandais comme un carme en voyant son joli tour de hanches.

Elle rentra, je la précédai dans mon magasin et je me cachai ; elle revint avec de la lumière et de l’eau tiède, elle se lava la motte et soupira en se disant à elle-même : « Il n’existe plus, le scélérat, je suis encore effrayée… » Je frappai un petit coup sur une commode ; Conquette leva les yeux et me vit ; je lui contai tout ce qu’elle venait de faire ; je lui causai un effroi salutaire qui la guérit de l’envie d’aller seule chez Timon, en lui disant que j’avais rencontré Vitnègre sur le quai des Ormes ; j’ajoutai : « Vous alliez pour être baisée, vous le serez, car je couche avec vous. » Elle bégueulait, disant que le récit de Timon lui avait ôté ses désirs ; je ne l’écoutai pas et je me mis au lit, où elle vint se coucher auprès de moi.




CHAPITRE XXII.

De la fouteuse mise en appétit.

L’appétit vient en mangeant, dit le proverbe, et l’on va voir comment il a raison pour Conquette.

Dès que ma fille fut à ma portée, je m’amusai sur ses appas, lui suçai les tétons et l’enconnai. Je ne sais par quel motif, humeur ou volonté, ma divine enfant ne remua pas ; je fis de même et la tins emmanchée sans me donner aucun mouvement ; je m’endormis après m’être mis sur le côté, sans déconner. Con-