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haut devant moi ; il lui demanda d’où venait qu’elle ne s’était pas laissé enconner ? « Fi donc ! répondit-elle ; hé ! d’où vient ? l’aurais-je souffert ?… — Parce que je bandais comme un carme. — Vous parlez comme un Vitnègre. » Montencon ne me raconta pas moins ses entreprises en termes savoureux ; il loua la beauté de la conque, le soyeux du poil, la blancheur des fesses, la fermeté des tétons, le rosé du bouton, l’élasticité et l’ivoire du ventre, des cuisses ; il exalta le pied, la jambe de la belle. Conquette, ainsi louée, rougissait et n’en était que plus modeste. Je répondis que j’étais le seul qui foutît ma fille, à laquelle j’avais sauvé la vie et que j’avais déflorée il y avait huit jours, et je racontai toute l’histoire. « Vous la foutez ? — Et qui donc la foutra ?… Je suis deux fois son père. » Montencon se mordit les lèvres, Conquette m’embrassa.

Pendant tout le dîner, nous admirions le voluptueux tour de hanches de madame Poilsoyeux, à chaque fois qu’elle se levait pour demander un plat ou donner des assiettes ; elle avait un joli soulier rose à talons verts élevés, minces, des bas de soie à coins rosés ; je lui demandai si elle était jarretée au-dessus du genou ? « Certainement, dit-elle, toujours. — En ce cas, repris-je, montrez-nous la plus jolie jambe qu’il y ait au monde. » Elle refusait, mais nous l’en pressâmes tant, que pour se débarrasser de nos prières elle mit le pied sur une chaise et nous montra jusqu’au-dessus du genou une jambe à faire damner un moribond.

Nous entrâmes en rut, Montencon et moi, mais