Page:Rétif de La Bretonne - L’Anti-Justine ou les délices de l’amour, 1864.djvu/61

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 43 —

pour moi, pendant qu’elle est encore chaude, je vais pour mon argent foutre cinq ou six fois le cul et le con de ma putain ! » Vitnègre alla se coucher dans un petit cabinet où il s’enferma.

Aussitôt Fout-à-Mort s’acharna inépuisablement sur la victime expirée. Enfin, épuisé, il alla chercher la lumière pour en repaître ses cruels regards !… (J’ai dit que la fille était jolie.) « Elle est belle encore, dit le monstre ; mais la figure de la putain est toute bouleversée ; elle ne se ressemble plus à elle-même. » Il lui regarda le con, en lui soulevant le cul… il la laissa retomber en éclatant de rire… « Ma foi, la gueuse n’a plus qu’un cul ou qu’un con… je ne sais lequel… Mais… est-elle bien morte ?… » Il la déshabilla, l’emporta nue dans l’autre pièce, la mit sur une grande table, alla prendre un vaste saladier, tira un bistouri… (Nous le voyions par la cloison vitrée.) « Décharnons-la. » Il lui creva la partie charnue des seins, la motte tout entière, la chair des cuisses, lui fendit le ventre, lui arracha le cœur, les poumons, le foie, la matrice, la retourna, lui enleva la chair des fesses, lui coupa les pieds chaussés, qu’il mit dans une poche, les mains, qu’il serra dans l’autre, la retourna encore, lui coupa la langue, la tête, ôta la chair des bras ; il vint ensuite chercher sa chemise et un drap de lit en disant : « Voilà un bon régal pour mes moines et pour moi. » Le terrible anthropophage mit le saladier dans la chemise, ensevelit le corps dans le drap, fit lever Vitnègre pour le conduire, puis il lui dit de publier le lendemain que sa femme se mourait, de la mettre le soir dans une bière, et que lui, moine, se chargeait de