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alla dans le corridor, dont il ouvrit doucement la porte, et se mit à crier sourdement, comme s’il avait bourré sa femme à coups de pied : « Ah ! garce ! ah ! putain !… tu fous, sacrée salope, quand je suis sorti ; tu raccroches !… Je vais chez le commissaire ! » Il ouvrit la porte bruyamment, la referma de même, mais il dit tout bas avant de s’éloigner : « Remue du cul, ma petite femme ; courage, L’Enfonceur, fraie-la-moi bien. » — Voilà une ruse scélérate, dis-je à ma fille, pendant que Timon observait la sortie de Vitnègre ; le moine t’aurait tuée, et il ne néglige rien pour motiver ta mort — Sauvons-nous, me dit-elle. — Non, non, nous sommes assez pour te défendre. Feins à Timon que j’arrive. »

Le jeune homme rentra. « Voici mon papa qui arrive à propos. — Ah ! oui, reprit Timon, sa présence pare à tout, car j’allais proposer de nous enfuir, mais à présent, voyons ce qui arrivera, » Je lui montrai Connillette et lui fis entrevoir notre plan, que Timon trouva merveilleux. Le temps s’écoula vite, nous entendîmes revenir. Timon reporta la lumière dans la chambre, nous nous cachâmes, ma fille et moi, tandis que le jeune homme s’étendait sur le ventre de Connillette troussée. « Que ton vit ne m’approche pas, lui dit-elle, je suis gâtée ; que tes couilles ne me touchent pas le poil, j’ai des morpions !… »

Vitnègre entrait suivi du moine ; que le voisinage aux fenêtres prit pour le commissaire.