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Un jour, ma Conquette me rencontra sur le pont Notre-Dame. Elle était malheureuse, elle vint se jeter dans mes bras ; je fus si ému que toute mon ancienne colère s’évapora. Ma délicieuse fille était encore embellie dans les douleurs. Mon premier mouvement fut de lui prendre le con, mais nous étions dans la rue. J’allai la voir dès le lendemain soir, à l’heure où elle m’avait dit que son mari ou plutôt son monstre n’y était jamais ; je la trouvai seule, en effet, et dès cette première visite elle m’avoua qu’elle avait un amant. Ravi de cette confidence, qui m’annonçait le cocuage de Vitnègre, je la flattai, je l’amadouai, je l’engageai à se le laisser mettre par Timon[ws 1], son galant ; mais je compris bientôt que c’était un amour platonique des deux côtés absolument, où Conquette Ingénue se consolait auprès d’un bande-à-l’aise des brutalités d’un débauché ; elle aimait à parler de son amant, et comme j’étais le seul avec lequel elle le pût en sûreté, je lui promis de leur procurer des entretiens secrets : je fus chéri !

À ma seconde visite, Conquette me découvrit quelques infamies récentes de Vitnègre. Un jour qu’elle se baissait pour ramasser quelque chose, il lui fit prendre le con par un de ses amis. Elle se récria… « Ce n’est rien qu’un con de pris, dit froidement Vitnègre à son ami ; ne t’avais-je pas bien dit qu’elle avait le poil du con plus satiné que de la soie !… Eh bien ! le dedans est plus doux encore. » Conquette voulut se retirer ; il la retint brutalement, la fit mettre sur lui, la troussa jusqu’aux cuisses, et lui tint le con, s’efforçant de le faire voir ou de la branler. Pendant tout le

  1. Note de Wikisource : Timorì dans l’édition originale.