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maison lors de mon retour. « Mademoiselle Convelouté, me dit-il, que vous êtes cruelle pour moi… on dit que vous allez vous marier. Vous devriez bien favoriser aux dépens du futur un jeune homme qui vous adore. C’est un veuf, un laid, vous êtes pucelle et si jolie ! D’ailleurs, il l’a très gros, dit votre oncle, et il vous fera très mal ; si un vit plus jeune que le sien vous préparait ? Et voyez (et il mit à l’air un vit charmant), c’est un véritable croque-pucelage sans faire mal. Je sais m’y prendre. Le mari de ma sœur est un bandalaise, et elle se fait ôter de temps en temps par moi les toiles d’araignées du bijou. » Ce langage me plut et son vit me tentait ; je lui répondis : « Je n’ai point d’araignées à ôter. » Il vit à mon air que je n’étais pas de mauvaise humeur, il me prit les tétons. « Finissez donc, libertin », lui dis-je doucement et sans presque le repousser. Il me prit la motte : « Oh ! c’est trop fort, ceci ; voulez-vous bien finir. » Il était déculotté, il bandait raide… il me renversa sur le lit de sa sœur, me troussa et se mit sur moi, tandis que je disais nonchalamment : « Eh ! mais c’est donc une violence ?… » et que je me défendais d’une manière qui me livrait… Il me dit : « Ah ! céleste innocente, je vous le mettrai !… » Il m’enfila… je ripostais en hennissant du cul comme pour le repousser, il n’en dardait son vit que plus fort. « Non, s’écria-t-il en déchargeant, il n’est rien tel que d’enconner l’innocence ! » Cependant, craignant que je ne me débarrasse, il me foutit trois coups sans déconner (ce qui fit mes quarante fois dans la journée) et ne me quitta qu’en entendant du monde ; je courus me laver.