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m’aurez toutes deux, vous me donnerez vous-mêmes des maîtresses pour vous reposer. » La dame, qui aimait le jeu d’amour, sourit en rougissant d’espérance et de plaisir. Elle fut exploitée tous les jours en attendant celui du mariage de sa fille. Quand ce jour fut arrivé, effrayée pour une si saine vierge, elle pria l’inépuisable Fysistère de la ménager. « Six fois, dit-il pas plus, si vous me promettez de me recevoir ensuite ou de me donner l’aînée de vos nièces. — Non, mais je vous donnerai Géoline ou Mariette, celle que je pourrai avoir le plus facilement. » Le soir des noces, Fysistère, quoiqu’il eut toutes les nuits fourni madame Linars, était impatient, à trépigner, d’avoir sa mariée. Il l’enleva comme une plume dès qu’on eut soupé, se jeta sur elle et lui fit pousser des cris effrayants. La mère, alarmée, courut avec Géoline au moment où Fysistère, sans trop s’embarrasser des gémissements de la jeune personne, la recommençait. La mère le laissa l’achever, puis, sur l’instante prière de sa fille, elle la retira du lit pour laver le sang et le suc d’homme dont sa conque martyrisée était remplie. Fysistère saisit alors Géoline et la viola malgré ses clameurs. Il la retint sous lui quatre ou cinq fois. Elle profita d’un intervalle pour s’échapper ; mais Fysistère menaça madame Linars, si elle ne remplaçait pas sa fille, de tourmenter celle-ci jusqu’au jour. La dame était fatiguée ; elle alla chercher Mariette, qu’elle enferma dans la chambre nuptiale ; Fysistère la viola et la contint sous lui quatre fois, puis il lui permit de dormir.

« Dans le jour, il assoupit les plaintes des jeunes