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et la livra au Fysistère, qu’elle occupa seule pendant deux semaines ; ce qui avait reposé ses deux cousines.

» C’est à cette époque que l’homme à queue était venu à Sens et qu’il avait vu la famille Linars. Avant qu’il eût madame Guac, on lui amenait trois filles couturières chaque matin, mais les précautions qu’il était obligé de prendre pour sa santé avec des créatures qu’il laissait libres, le dégoûtèrent de cette jouissance. D’ailleurs, comme il avait formé le projet de multiplier l’espèce des hommes à queue et d’en peupler l’île entière de Bornéo, son pays originaire, il voulait pouvoir surveiller tous les enfants qui lui naîtraient. Ses trois femmes étant grosses, il ne voulut plus les fatiguer. Quand il fut lié avec madame Linars, il aurait bien cherché à déflorer sa future ou à se donner une des nièces, ou la cuisinière, ou la femme de chambre, mais il trouva que tout cela avait ses inconvénients ; il réserva ce supplément de ressources pour après son mariage. La première qu’il attaqua, ce fut sa belle-mère future ; il lui fit un jour un présent de deux mille écus en espèces, et la voyant dans l’extase de la reconnaissance, il lui mit la main sous la jupe en lui disant : « Autant tous les six mois, si je vous le mets, et ne craignez pas que cela fasse du tort à votre fille, elle n’en aura que trop de reste. » Comme il était extrêmement fort, tout en parlant il la remuait et l’enfilait. La dame se trouva prise sans l’avoir prévu ; elle fut rabattelée une dixaine de fois, tant elle était vigoureusement contenue. Enfin, devenue libre, elle lui dit : « Oh ! quel homme !… — Je suis tel, dit-il, que votre fille et vous, quand vous