Page:Rétif de La Bretonne - L’Anti-Justine ou les délices de l’amour, 1864.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 27 —

çons, les petites tout comme nous, l’appétit et le plaisir seront plus grands ; nous passerons une demi-journée délicieuse. Mais je suis jalouse de vous et de Trait-d’Amour ; ne le mettez qu’à moi, avertissez-les tous de cela. C’est mon caractère que la jalousie, et puis, où trouveriez-vous une femme ou une fille qui me vaille ? toujours propre, abluée à chaque pipi, autant par volupté que par délicatesse, car cet endroit que vous avez la bonté de trouver charmant est toujours si chaud que je ne le mets jamais dans l’eau qu’avec une volupté qui approche de la jouissance. Ne me le mettez donc pas de la semaine pour avoir plus de plaisir, sans vous tuer, le dimanche. Ne me touchez ni le bijou ni le sein. — Non, répondis-je, dans la semaine je ne baiserai que ton joli pied, et je veux toujours avoir une de tes chaussures au trumeau de ma cheminée. — Rien d’aussi flatteur que d’être ainsi adorée jusqu’à sa parure ; aussi mon pied est-il soigné aussi bien que vous l’adorez. Je le lave à l’eau de rose deux fois le jour, matin et soir, et après avoir marché. — Ah ! céleste fouteuse, que je le baise ! que je le baise ! — Point de cela dans la semaine ; il vous excite. Baisez votre idole, j’ai autant de sensibilité au visage qu’ailleurs, mais restez-en là. Du reste, je suis à vous, vendez-moi, livrez-moi quand vous le voudrez, je me donnerai avec plaisir pour vous, comme une autre Ocyroé. »

Je me privai donc malgré moi, et pour nécessité je me contraignis, mais j’avais à ma cheminée sa chaussure rose à talons verts, à laquelle je rendais mes hommages tous les jours en l’honneur de ma fille, la