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SOIR


Dans le silence pur et dans l’ombre attentive,
Ecoute mollement couler le tiède bruit
Que font en s’effeuillant les roses d’aujourd’hui
Et qu’en ton souvenir un parfum leur survive.

Une heure doit s’enfuir pour qu’une autre la suive
Et rapporte à son tour ce qu’emporte avec lui
Le temps irrésistible et fourbe qui s’enfuit
En tenant par la main l’heure qu’il rend furtive.

Regarde le beau vase arrondir, clair et vide,
Son urne transparente et son cristal limpide :
Sa déserte fraîcheur est douce pour tes mains.

L’inépuisable Amour a d’autres fleurs écloses,
Et tu souris encor, toi qui sais les chemins
De la source éternelle et des nouvelles roses.