Page:Régnier - Les Médailles d’argile, 1903.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La terre va dormir lourde de l’an vécu,
Pour que ses fleurs d’été fussent ses fruits d’automne,
Et son flanc saigne encor du soc qui l’a mordu ;

La neige étalera sa blancheur monotone
Pour engourdir sa paix et son obscur repos
Sur qui le vol épars des flocons tourbillonne,

Jusqu’au jour merveilleux où le printemps nouveau
Fera dans sa torpeur courir de veine en veine
Le sang fluide et clair de ses tièdes ruisseaux.

Une sueur d’argent emperle sa peau saine,
La voici qui palpite et s'étire au soleil,
Et les sources en fleurs fument dans son haleine ;

L’aurore en la touchant empourpre son réveil ;
Alors, prends-la, vivante entre tes mains hardies
Et, debout en chantant dans le matin vermeil,

Sculpte avec des doigts d’or son argile rougie.