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LA COURONNE


Lasses du long chemin, et la tête baissée,
Silencieusement, dans l’ombre, mes Pensées,
Une à une, vers moi reviennent de la vie
Où toutes, à l’aurore, elles étaient parties.
Les voici, elles sont debout, au crépuscule,
Devant moi, et chacune en tressaillant recule
Lorsque je la regarde au visage, et ses yeux
Se détournent pour fuir mon regard anxieux
Qui retrouve, debout et la tête baissée,
Celles qui furent, familières, mes Pensées.
Ce sont elles ; j’entends encor leurs pas lointains
Qui jadis m’ont quitté pour suivre le chemin
Qui descend, à travers les heures, vers la vie…
Qu’avez-vous fait ? Ta coupe est-elle enfin remplie,
Ô Toi qui voulais boire aux fontaines vivantes ?
Mais non, sa main est vide et sa lèvre est brûlante