Page:Régnier - Les Médailles d’argile, 1903.djvu/35

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LE BUVEUR


Petite la maison et vaste le cellier
Pour que l’outre ventrue et que l’amphore obèse
Côte à côte dans l’ombre y reposent à l’aise ;
Maçon, n’épargne pas la brique du potier.

Qu’un autre m’équarrisse en ce beau chêne entier
Dont les rameaux miraient leur feuillage au Galèse
La poutre, et qu’on l’ajuste ensuite à la mortaise ;
N’épargnez rien, pas plus le bois que le mortier.

Toi qui sais imiter les figures humaines,
Dans la glaise, fais-moi pareil au vieux Silène
Ivre et comme lui barbouillé de lie, et prends

La terre la plus rouge et la plus savoureuse
Pour qu’on voie, au-dessus de la porte, en entrant,
Mon image avinée en l’argile vineuse.