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les médailles d’argile


Voici l’Automne.
Le Printemps et l’Été sont morts, heure par heure ;
L’Automne de toutes ses fontaines les pleure :
Jet d’eau qui sanglote, vasque qui chantonne,
Sources qui bruissent,
Grottes en larmes des stalactites ;
Et te voici au bout de l’allée
Où les feuilles mortes s’endolorissent
De pourpres pâles et d’or fané ;
Et tu es là, Amour, et ta face est voilée.
Tes couronnes
Sont sèches.
Ton arc brisé gît parmi tes flèches…
Rallumerai-je de la cendre où elle est morte
Ta haute torche
Pour éclairer l’ombre et le soir ?
Tes yeux ne veulent plus me voir,
Amour, Amour !
Ta bouche est froide sur la mienne
Et j’entends du fond de mes jours
Le Passé te pleurer de toutes ses fontaines !