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les médailles d’argile

ODE


Amour !
J’ai voilé ta face au fond de mes songes,
Amour !
J’ai voilé ta face au fond de mes jours
Et tes yeux clairs et ta bouche lente
Qui me parlait à l’oreille dans l’ombre ;
J’ai couronné ta chevelure tiède et longue
De feuilles et de violettes en guirlandes
Et j’ai lâché, à l’aube, tes colombes
Et j’ai éteint du pied ta torche noire
Et j’ai brisé ton arc et dispersé tes flèches,
Amour !
J’ai voilé ta face au fond de ma mémoire
Et de mes jours.

Parce que le Printemps chantait dans l’aurore
Le long du calme fleuve et des jeunes roseaux,