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à travers l’an

Caresse, frôle, effleure et flaire
Le vieux marbre velu qui dort.
Vous entendrez
Bientôt, peu à peu, de plus près
Et sourdement comme en vous-même
Vivre et respirer le silence.
Le vieux parc est plein de fontaines
Qui rient et pensent
Et parlent bas et qu’on entend
Gémir entre elles doucement
Et se murmurer l’une à l’autre,
Car l’eau oublie et passe et ment,
De vieux secrets qui sont les nôtres
Trop vagues pour qu’on s’en souvienne…
Mais n’écoutez pas les fontaines.

N’écoutez pas,
Non plus, si c’est le soir,
Les colombes qui roucoulent encor
Dans les cimes des arbres d’or,
Ni celles qui s’entrelamentent
À la pointe des cyprès noirs ;
N’écoutez pas, si c’est le soir,
Les fontaines, ni les colombes,
Ni la feuille qui tombe
Devant vos pas.