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les médailles d’argile


Les corbeilles d’été et les paniers d’automne
Sont là, pendus au mur, et parfois
L’osier craque, le vent frissonne
Aux roseaux du vase où se sèchent
Leurs tiges et leurs feuilles, et parfois
Je tressaille et j’écoute
Et je la vois,
Immobile en sa robe grise
Sans que jamais murmure sa bouche
Plus rien des chansons désapprises
Qu’elle chantait dans l’été riant
En tressant brin à brin,
Avec ses mains,
L’osier souple et le jonc pliant
Et le saule qui se redresse
Et cingle et qu’on tourne en corbeilles.

Seul son rouet ronfle et bourdonne
Avec un bruit lointain d’abeilles
Qui s’enfle, s’approche et recule.
Et monotone
Semble filer du crépuscule.

L’horloge haute
En sa maison d’écaille et de buis
Ajoute une heure à l’heure qui fuit