Page:Régnier - Les Médailles d’argile, 1903.djvu/147

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


 
Homme ! Je t’ai suivi longtemps, tu ne m’as pas
Entendue, et l’écho qui seul double ton pas
A fait que tu croyais marcher seul dans l’aurore ;
Tu marcherais toujours sans m’avoir vue encore
Peut-être, et toujours seul et me cherchant en vain,
Peut-être, si, ce soir, debout sur ton chemin,
Familière à ton songe et nouvelle à ta vue,
Je n’étais, tout à coup et soudaine, apparue,
Opportune et mystérieuse devant toi
Sans surprise et qui me regardes sans effroi
Car le pieux espoir où se voua ta vie
T’a laissé sans autel, sans culte et sans patrie
Sur cette terre aride où tu cherches les Dieux.

Je t’ai suivi longtemps, invisible à tes yeux,
Ô passant, je t’ai vu, tout haletant de joie