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hélène de sparte

LE FUSEAU


Hélène, ta journée est belle ; le matin
Fait pâlir lentement la lampe qui s’éteint
A ton chevet nocturne où le pavé sonore
Est froid sous tes pieds nus levés avec l’aurore ;
Et le jour qui revient te rapporte avec lui
Des songes de nouveau pour ta nouvelle nuit ;
Et ces roses d’hier à peine sont fanées
Que déjà d’autres fleurs à leur place sont nées.
Descends ; la source abonde au bassin toujours clair ;
L’ombre plus fraîche a fait le vieux laurier plus vert
Qui se penche sur l’eau somnolente et verdie ;
Va, et donne l’obole au passant qui mendie ;
Ta jeunesse charmante et qui rit en chemin
N’a pas encor besoin de garder en sa main
Ce qu’il faut pour payer la barque souterraine
Où le Passeur des Morts prendra l’Ombre d’Hélène
Quel que soit le destin promis à ta beauté,