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volées. Le Podestat s’inclinait devant moi. On me conduisait à la Basilique et, sur ma tête, on posait une verte couronne de laurier.

Tantôt encore c’étaient d’autres vœux que je formais. Je me complaisais dans le lugubre tableau d’une Vicence désolée et toute retentissante de gémissements. La peste sévissait. Les charrettes en longues files emportaient les cadavres stigmatisés. Les confréries ne suffisaient pas à leur tâche funèbre. Mais j’étais là ! Je prenais la direction des secours et des mesures propres à combattre le fléau. Je me dévouais, je me multipliais. La nuit, je cherchais des remèdes, et mes efforts étaient enfin couronnés de succès. Les malades se levaient de leurs lits. Le mal disparaissait. Vicence renaissait et saluait en moi son libérateur et son sauveur.

Quand je me réveillais de ces ambitieuses divagations, le retour que je faisais sur moi-même me rendait encore plus pénible ma