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désir de gloire qui me tourmentait dût être cause, un jour, des misères de ma destinée. Pour le moment, d’ailleurs, ma mère était parfaitement heureuse de cette fête à laquelle elle participait par la vertu de son imagination complaisante, tandis que moi, hélas, j’avais le cœur dévoré de chagrin, car je ressentais, mieux que jamais, mon obscurité et le rien que j’étais auprès de tous ces gens à beaux habits et à carrosses. Pourquoi le ciel m’avait-il donné les parents dont j’étais né sans racheter au moins ce tort par des dons éclatants ? Je souffrais de ma naissance. Ce nom de Tito Bassi, sous lequel il me faudrait vivre, me paraissait bien misérable. Encore si mes parents eussent pris soin de le parer de l’éclat de quelque action mémorable, mais c’était à moi seul qu’ils avaient laissé la charge de l’illustrer. Certes, je ne doutais pas qu’il n’en fût, un jour, ainsi, mais cette nécessité ne laissait pas cependant de m’inquiéter et