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la hauteur de ceux dont j’avais rêvé l’héroïque accomplissement, mais, à tout le moins, ne prouvait-il pas que, tout bouffon bâtonné que je fusse, j’étais encore un homme capable du souci de son honneur ? Maintenant donc, n’ayant pas pu vivre comme je l’eusse souhaité, il me restait à bien mourir et à montrer ainsi que, si je n’avais pas pu être un héros, je n’étais toutefois pas un pleutre. Ce dernier point me semblait facile. La mort ne m’effrayait pas et la mienne me semblait juste. N’étais-je pas un meurtrier et je ne doutais pas que la justice du Podestat ne me donnât la fin que mon crime me méritait.

En effet, il y avait peu de chance que Sa Seigneurie Alvenigo se montrât indulgent à mon forfait. Il ne devait pas avoir conservé trop bon souvenir de ce Tito Bassi dont il s’était jadis engoué témérairement jusqu’à tenter d’en faire un César et qui n’était bon,