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quillement, plongea sa cuiller dans son sorbet. Cette impudence m’exaspéra. Plus vivement, je réitérai ma demande :

— Pierina, donne-moi ce billet. Je le veux. Pierina…

J’avais élevé la voix et j’avais saisi Pierina par le poignet, si brusquement que je renversai le sorbet. Ma gorge se serrait et ce fut d’une voix rauque et forte que, perdant toute maîtrise de moi-même, je m’écriai :

— Pierina…

Un grand éclat de rire me répondit, mais ce n’était pas seulement Pierina qui riait, c’était la salle entière qui s’esclaffait de notre querelle. Cette fois, c’en était trop. La colère me monta au visage et j’oubliai toute retenue. De nouveau, j’avais saisi le poignet de Pierina. Furieuse, elle résistait. Je m’acharnais. Mon cœur battait avec une folle violence. Autour de nous, les gens s’étaient levés et faisaient cercle. Les plaisanteries se croisaient, tandis