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Parfois, je songeais à quitter le théâtre, mais je n’avais pas d’autre moyen d’existence et celui-là me fournissait de quoi pourvoir largement à mes besoins et aux petites fantaisies de Pierina. Elle avait pris certaines habitudes d’aisance dont il eût été barbare de la priver. Son goût des fanfreluches et des babioles demandait quelque dépense et je tenais à honneur d’y subvenir, car ma jalousie n’eût pas souffert qu’elle y pourvût en acceptant ces gentils cadeaux que les femmes n’hésitent guère à recevoir de toutes mains et à payer de menues faveurs qui sont souvent le prélude innocent des plus coupables complaisances. À cette idée, ma tête s’égarait, mais à cet égarement se mêlait un sentiment singulier qui relevait mon désespoir d’une certaine fierté bizarre.

Cette fierté, en effet, me venait de ma jalousie. Certes, comme je l’ai dit, je souffrais cruellement d’être jaloux, mais que je fusse