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et l’on devait recommencer bien souvent sur moi ce jeu des bâtons auquel je dus mon premier succès dans une carrière pour laquelle je ne me fusse jamais cru fait et qui ne cesse encore de me remplir de honte et de colère, car, l’avouerai-je, je n’ai jamais pu me débarrasser du sentiment d’indignation que je ressentis dans l’occasion que je rapporte. Mais le plus curieux n’est-ce point que ce fut ce sentiment qui me valut la petite faveur dont je jouis auprès du public ? Il donnait à mon jeu une expression sans doute particulière, et cet air de fureur, que je conservais malgré moi dans les situations les plus burlesques et les ébats les plus grossiers, produisait par son contraste un effet de gaîté dont ne se lassaient pas les spectateurs. Le signore Capagnole me félicitait de cette particularité et mes compagnons me l’eussent enviée, s’ils n’avaient eu de l’amitié pour moi. Ils la reconnaissaient pour inimitable. En effet, ils n’éprouvaient rien de