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mieux voir ce qui se passait. Il s’ensuivit un certain désordre qui fit redoubler les rires du public et les aboiements de l’affreuse bestiole.

Si j’avais été un acteur consommé j’aurais dû continuer mon rôle et, par là, tâcher d’imposer silence aux rieurs. Mais, malgré l’assurance où j’étais de mon génie, j’étais un débutant encore inexpérimenté, si bien que la sueur commençait, sous le fard, à couler sur mes joues. De plus, l’avanie faite à César par cet accueil indécent m’échauffait le sang, mais, en même temps, une douloureuse angoisse s’emparait de tout mon être. Je sentais mon visage se contracter misérablement. À ce moment, j’entendis Sa Seigneurie qui me criait, de la coulisse :

— Mais continue donc, continue, Tito de malheur…

À cette pressante objurgation, j’ouvris la bouche, mais aucun son n’en sortit et je demeurai béant, coi, planté seul au milieu de