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magnifiques, car le seigneur Alvenigo avait exigé du signore Capagnole qu’il ne négligeât rien de ce qui pouvait donner au spectacle une pompe particulière. Les dépenses que Sa Seigneurie avait ordonnées étaient considérables et contrastaient avec sa ladrerie habituelle. Une part de ce faste ne m’avait pas été ménagée et mes habits étaient de la dernière beauté. J’en éprouvais un sentiment d’assurance singulier. Un étrange orgueil s’emparait de moi et l’on m’aurait bien étonné si l’on m’eût rappelé que cet éclatant accoutrement couvrait, non pas un César tout-puissant, mais un pauvre garçon de Vicence, du nom de Tito Bassi. Mais nul ne songeait à me tirer ainsi par un pan de mon manteau et on me laissait jeter autour de moi un regard souverain. Je promenais donc mes yeux, tranquillement et fièrement, sur les acteurs qui devaient me seconder et auxquels le seigneur Alvenigo adressait ses dernières recommanda-