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parlerais ; les applaudissements éclateraient. Je m’étais levé du tabouret ; mes jarrets ployèrent et je me trouvai aux genoux du seigneur Alvise Alvenigo.

Il m’avait saisi par l’oreille et me la tirait affectueusement.

— Ne me remercie donc pas, Tito, et écoute plutôt ce que j’ai encore à te dire. Oui, c’est de toi que j’attends le plus grand bonheur de ma vie, et, si tu me le procures, tu m’auras payé, en un jour, de tout ce que j’aurai pu faire pour toi. À ton tour, ô Tito, tu es maintenant l’arbitre de ma destinée et c’est elle que je dépose entre tes mains avec ce rouleau. Il contient, ô Tito, une tragédie que j’ai écrite et que je crois admirable. J’ai mis en elle cet espoir que tout homme conserve de ne pas mourir tout entier. Grâce à elle, on oubliera qu’Alvise Alvenigo fut un gros homme assez répugnant et on se souviendra peut-être de quelques-uns des vers qu’il aura