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je remplissais le rôle principal. On les couvrait de costumes appropriés et le seigneur Alvenigo se plaisait à les faire parler. Il s’y prêtait avec une verve admirable. Gardes, confidents, princes, reines captives, il était à tous et à toutes et ne leur marchandait pas le secours de sa grosse voix. Il se démenait comme un diable, sa tabatière à la main et sa calotte de travers. Quant à moi, j’étais si pénétré de ce que j’avais à dire et si absorbé par les sentiments que j’avais à exprimer que je ne m’apercevais pas de la singularité du spectacle que nous donnions et qui n’avait heureusement pas de témoins. Y en eût-il eu, d’ailleurs, que je ne me fusse pas déconcerté, tant était grande mon exaltation. J’étais véritablement possédé d’un démon et le seigneur Alvenigo, à ces moments, me considérait avec une satisfaction qui me remplissait de fierté.

Je prenais, en effet, ardemment à cœur mes nouvelles occupations et, hors d’elles, rien ne