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Aussi en concevais-je pour lui un respect infini. Ce respect, d’ailleurs, devait augmenter à mesure que l’Alvenigo m’instruisait dans l’art dont il se prétendait un des connaisseurs les plus infaillibles, car, dès le lendemain de mon arrivée à la Rotonda, il commença à s’occuper de ce qu’il nommait pompeusement mon éducation tragique.

Grâce aux leçons latines de l’excellent abbé Clercati, j’étais suffisamment versé dans la connaissance de l’antiquité pour que les personnages auprès desquels m’introduisait le seigneur Alvenigo ne me fussent pas entièrement étrangers, mais ils m’apparaissaient maintenant sous un aspect nouveau. Naguère il me semblait les apercevoir dans le recul des siècles, tandis que maintenant ils m’environnaient de leur foule superbe et familière. Cette impression était si forte que parfois je croyais entendre leurs voix. Peu à peu, je pénétrais leur pensée. Entre eux et moi, le