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qu’il favorisait orgueilleusement. Tout en portant à l’extrême la négligence de son vêtement, et bien qu’il affectât de mépriser l’opinion, il n’eût, pour rien au monde, osé hasarder sa susceptibilité d’auteur au caprice du public. L’idée d’un sifflet le faisait pâlir de rage et il préférait ne pas s’y exposer. Le seigneur Alvenigo craignait le ridicule.

Après la chance d’être sifflé, à laquelle il se dérobait prudemment, le risque d’être trompé lui tenait particulièrement au cœur. Or ce sentiment amena, une fois, un grand changement dans la vie du seigneur Alvenigo.

Éperdument amoureux de la Dellinzona, et jaloux d’elle avec raison, il tua en duel un rival détesté. Cette action, qui, pour tout autre, eût pu avoir des suites fâcheuses, attira au seigneur Alvenigo le conseil que lui donnèrent les magistrats de s’éloigner de Venise sous prétexte que l’air des lagunes ne valait