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qu’elles le mettent en mesure de rendre à l’État, aussi, dès qu’il l’avait pu, s’était-il affranchi de ses devoirs pour se consacrer tout entier à ses plaisirs. Les femmes en avaient été un des principaux, mais, parmi elles, il distinguait surtout celles qui appartenaient au théâtre. Le seigneur Alvenigo avait presque toujours eu une comédienne pour maîtresse. Familier des coulisses, il jugeait avec une égale passion les productions scéniques quelles qu’elles fussent. Grand amateur de farces, il se posait aussi en grand connaisseur de tragédies et se piquait de posséder en leur détail toutes celles qui avaient été composées, tant par les anciens que par les modernes. On le soupçonnait même d’en avoir rimé quelques-unes, quoiqu’il ne les eût pas avouées publiquement.

Son nom, sa richesse, ses amours, ses bizarreries avaient acquis à Alvise Alvenigo une réputation d’original dont il tirait vanité et