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désespérée dans un flot de paroles qui ne nous convainc guère. Alors il s’éloigne et revient un instant après avec un sabre nu qu’il nous présente. Puisque l’on veut sa mort qu’on lui coupe donc la tête et qu’on prenne le tapis ! Comme nous ne voulons ni sa mort, ni payer le prix qu’il demande nous nous en allons.




Les exhalaisons saumâtres de la Lagune répandent une odeur si forte et si nauséabonde que nous décidons pour la fuir d’aller passer deux jours à Kairouan. Dans le train qui nous y conduit la chaleur est excessive, mais c’est une chaleur saine, brûlante, sèche. L’air est du feu. Ce n’est qu’à partir de Sousse que le paysage prend un aspect vraiment africain. Peu à peu la végétation devient rare. Le sol déroule sa stérilité sablonneuse. Des plis de terrain sillonnent sa lumineuse uniformité. Çà et là, loin, on aperçoit les tentes noires d’un campement de Bédouins, puis, à l’horizon, se dessinent, rougeâtres, les murs crénelés de l’enceinte qui enveloppe Kairouan. De loin, la Ville Sainte présente un aspect assez rébarbatif.

L’hôtel est situé en dehors des murailles,