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POU

contait qu’autrefois à l’armée on jugeait de loin, au volume du tourbillon de poudre (c’était le mot consacré) qu’élevait un groupe de cavaliers, du grade de l’officier que ce groupe accompagnait sur la ligne. Poudre de maréchal-de-camp, disait-on, poudre de lieutenant-général, poudre de général, ce n’était pas raisonner absolument mal, le cortége d’un officier supérieur étant proportionné en nombre à l’importance de son grade. Cependant on peut être induit en erreur par cet indice, et prendre des troupeaux pour des troupes, comme cela est arrivé à don Quichotte, qui, à la vérité, s’est quelquefois trompé plus lourdement ; un faquin entouré de quelques goujats peut faire autant de poudre qu’un maréchal de France. Quand on y était pris, on disait : Ce drôle nous a jeté de la poudre aux yeux. Ce qui passa en proverbe. »

J’ai rappelé cette explication comme curieuse, mais non comme vraie. L’expression proverbiale n’a pas dû son origine à un usage moderne, car elle est littéralement traduite de celle des Latins, pulverem oculis offundere. On pense qu’elle fait allusion à la poussière soulevée dans le stade par les pieds du coureur, qui gagnait ses concurrents de vitesse. Pour rallier ceux qui restaient trop en arrière, les spectateurs leur disaient que le vainqueur les empêchait de voir le but et d’y arriver, en leur jetant de la poudre aux yeux ; et cette expression, passant bientôt du propre au figuré, servit à caractériser le manège de ces gens qui, par de belles paroles ou par tout autre moyen, nous éblouissent et nous empêchent de voir clair dans les choses qu’ils veulent faire tourner à leur avantage.

poule.Qui naît poule aime à gratter.

Ce proverbe, synonyme de celui-ci, qui naquit chat court après les souris, s’emploie pour caractériser les penchants que l’on tient de son origine. On disait autrefois : Qui est extrait de gélines, il ne peut qu’il ne gratte.

C’est le fils de la poule blanche.

Le sens de cette expression proverbiale, que nous avons reçue des Romains, est très bien développé dans les vers suivants extraits de la IIIe Satire de Régnier :