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téraire des Arabes, qui distinguent deux sortes de compositions poétiques, dont ils comparent l’une à des perles détachées et l’autre à des perles enfilées. Dans la première, l’art des transitions n’existe point. Les phrases et les vers s’y succèdent sans avoir ensemble un rapport marqué, et toute leur beauté consiste dans l’élégance de l’expression ou dans la justesse de la pensée. C’est le même genre de composition que celui des Proverbes de Salomon, du livre de Job et de tous les livres antérieurs à ceux des Grecs, car ce sont les Grecs qui, les premiers, ont donné une forme parfaitement régulière aux ouvrages de poésie.

perruque. — C’est une tête à perruque.

Cette expression par laquelle on désigne un homme à routine, un homme de très peu d’esprit, équivaut à tête de bois, tête incapable de penser, tête qui n’est bonne qu’à porter perruque. L’accessoire est pris pour le principal.

L’abbé de Saint-Pierre, qui avait une opinion fort opposée au célibat des prêtres et une conduite très analogue à cette opinion, fesait apprendre le métier de perruquier à tous les enfants que lui donnaient ses chambrières ; et quand ses amis lui demandaient pour quel motif il préférait ce métier à tout autre, sa réponse était : C’est que les têtes à perruque ne manqueront jamais.

Donner une perruque à quelqu’un.

C’est lui faire une réprimande, lui infliger une punition. Cette façon de parler triviale a pris naissance dans quelque couvent de bénédictins ou d’autres moines que leur règle obligeait d’avoir la tête rasée, comme serfs de Dieu. Lorsque ces religieux renvoyaient un novice, reconnu indigne d’être admis à faire profession, ils lui remettaient une perruque, en remplacement de ses cheveux qui avaient été rasés, afin qu’il pût reparaître dans le monde sans scandale ; et les admoniteurs, prenant occasion de cela, disaient ordinairement aux autres novices : Prenez garde de vous faire donner une perruque, de recevoir une perruque ; d’où vint l’emploi de ce mot dans le sens figuré de réprimande et de correction.