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Mais comme elle devint très abusive, elle fut abrogée par tous les parlements, à l’exemple de celui de Bordeaux, dont un fameux arrêt, du 24 avril 1524, disait expressément que toutes les condamnations capitales, au supplice de la corde, contiendraient à l’avenir cette formule : Pendu, jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Il ne faut point parler de corde dans la maison d’un pendu.

Il ne faut point parler de choses qui peuvent être reprochées à ceux devant qui on parle. — Ce proverbe était autrefois ainsi : Il ne faut point parler de corde devant un pendu, parce que, grâce à l’usage dont il est question dans l’article précédent, il y avait un assez grand nombre de pendus sauvés par la rupture de la corde. Le célèbre calligraphe Hamon de Blois était un de ces échappés de la potence, qu’on voyait se promener et voyager librement, portant dans leur poche, pour passe-port, l’extrait du procès-verbal de leur exécution.

Aussitôt pris, aussitôt pendu.

On prétend que cette locution proverbiale est une allusion à la malheureuse destinée de Barnabé Brisson, de Claude Larcher, tous deux conseillers au parlement, et de Jean Tardif, conseiller au Châtelet, qui furent arrêtés par la faction des Seize, le 15 novembre 1591, à neuf heures du matin, confessés à dix et pendus à onze. Mais c’est une erreur ; car l’expression existait avant l’exécution de ces trois nobles défenseurs de l’autorité royale. Elle a dû son origine à la juridiction policielle de la maréchaussée. Cette milice, dont les attributions étaient autrefois beaucoup plus étendues qu’aujourd’hui, avait des magistrats, des procureurs du roi et des greffiers qui chevauchaient avec elle, et qui, dans le cas de délits commis sur les grands chemins, se constituaient sur le champ en tribunal pour les juger. Rien n’était plus expéditif que cette justice ambulante, déjà organisée du temps de Charles V ; et malheur au coupable qu’elle appréhendait : Aussitôt pris, aussitôt pendu.