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gnant sommait les témoins, s’il en avait, de venir déposer. Si ceux-ci refusaient, ce qui arrivait souvent, pour une cause ou pour une autre, il était autorisé à les amener par l’oreille, et à la leur pincer fortement, dans le cas où ils feraient résistance. De là l’expression conservée, se faire tirer l’oreille, pour dire : Avoir de la peine à consentir à quelque chose.

Il vaut mieux se fier à ses yeux qu’à ses oreilles.

Proverbe usité chez les Grecs et chez les Latins. — On est plus sûr de ce qu’on voit que de ce qu’on entend. Les yeux trompent rarement, et les oreilles trompent souvent. C’est pourquoi Thalès disait que la vérité était éloignée du mensonge, comme les yeux des oreilles.

« Ne vous en rapportez qu’à vos propres yeux, et ne vous fiez jamais à ce qu’on vous redira. Nos yeux sont toujours à nous ; mais nos oreilles appartiennent aux autres. Le premier de ces organes ne peut guère nous tromper ; le second peut à chaque instant nous induire en erreur, et nous faire commettre d’irréparables fautes. » (Madame Campan.)

Pendants d’oreilles.

Henri Estienne, dans son livre intitulé : deux Dialogues du langage français, italianisé et autrement déguisé, nous apprend qu’on appelait autrefois pendants d’oreilles les gens obséquieux qu’on voit toujours pendus aux oreilles des grands. Ce sobriquet, dont on peut faire l’application dans tous les temps, mérite d’être conservé. Il n’y a pas de mot qui peigne mieux la chose.

orgueil. — Lorsque orgueil va devant, honte et dommage le suivent.

Philippe de Commines nous apprend que Louis XI, qui était, dit-il, humble en paroles et en habits, et naturellement ami des gens de moyen état, se servait de ce proverbe pour répondre aux reproches qu’on lui fesait de ne pas assez garder sa dignité.

Ubi fuerit superbia, ibi erit et contumelia (Salomon, Parab. c. xi, ℣. 2). Où sera l’orgueil, là aussi sera la confusion.