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Celui qui n’a pas été malheureux, que sait-il ? dit un sage d’Orient.

Le chancelier Bacon a comparé les hommes de bien à ces précieux aromates qui exhalent les parfums les plus délicieux quand ils sont broyés.

On avait dit avant Bacon, que le malheur produit sur l’ame vertueuse le même effet que le feu sur l’encens.

Nos pères avaient ce proverbe : Plus le safran est foulé, mieux il fleurit. Ce qui était fondé sur l’usage de fouler le terrain où l’on avait semé les oignons du safran, conformément à un précepte de Pline-le-Naturaliste auquel les agriculteurs modernes ne se conforment pas.

Le malheur se plaît à la surprise.

Le malheur fond souvent sur l’homme qui ne s’y attend pas, et il s’approche rarement de celui qui est préparé à le recevoir. D’où il faut conclure que le malheur est toujours pour les imprévoyants. Le cardinal de Richelieu prétendait qu’imprévoyant et infortuné étaient synonymes, attendu qu’on ne pouvait guère être l’un sans l’autre.

manceau. — Un Manceau vaut un Normand et demi.

Les Manceaux ont la réputation d’être fort enclins à la chicane, et de porter encore plus loin que les Normands les défauts attribués à ces derniers. C’est probablement de là qu’est venu le proverbe. Cependant quelques auteurs prétendent qu’il a dû son origine à un combat dans lequel les Manceaux battirent complétement les Normands plus nombreux qu’eux d’un tiers, et quelques autres assurent qu’il fait allusion à une ancienne monnaie du Maine, dont la valeur surpassait celle de la monnaie de Normandie. Le denier manceau valait un denier et demi normand.

manche. — C’est une autre paire de manches.

C’est une autre affaire ; c’est bien différent. — On lit dans une note du livre iv, chapitre 58, de Tristan-le-Voyageur, par Marchangy : « C’était la mode, sous le règne de Charles V, de porter une espèce de tunique serrée par la taille, et nommée cotte--