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emploie à savoir ce que d’autres ont pensé, dit J.-J. Rousseau, étant perdu pour apprendre à penser soi-même, on a plus de lumières acquises et moins de vigueur d’esprit. »

Hobbes disait plaisamment, mais avec assez de raison : « Si j’avais lu autant qu’un tel, je serais aussi sot que lui. » Or, qu’est-ce qu’un sot, si ce n’est l’homme qui a beaucoup de mémoire et peu de jugement, et qui fait briller sa mémoire aux dépens de son jugement ? — C’est ce qu’exprime d’une manière aussi spirituelle qu’originale ce proverbe des Auvergnats : Jean a étudié pour être bête.

jument. — Jamais coup de pied de jument ne fit mal à un cheval.

Un galant homme ne s’offense point de recevoir un coup ou une injure d’une femme. Les Espagnols disent : Coces de yegua amores para el rocin. Ruades de jument sont amours pour le roussin. Les Latins disaient d’après les Grecs : Jucunda sunt amicæ dextræ verbera. Les coups d’une main amie sont doux.

jurer. — Jurer sur la parole du maître.

Adopter aveuglément et soutenir les opinions d’un homme à qui l’on a pour ainsi dire soumis sa raison. L’expression latine jurare in verba magistri, dont la nôtre est la traduction, était venue par imitation de cette autre jurare in verba imperatoris, employée à Rome, dès les premiers temps de la république, pour désigner le serment que les soldats fesaient à leur général, sous la dictée de celui-ci, d’exécuter sans examen tous les ordres qu’il donnerait.

jureur. — Jureurs de Bayeux.

On a prétendu que les Normands ne se fesaient aucun scrupule de lever la main en justice afin de rendre de faux témoignages, qu’ils étaient toujours prêts à jurer trois fois plutôt qu’une, quand il devait leur en revenir quelque profit, et qu’ils avaient tous pour devise ce mot caractéristique de l’un d’eux : J’en jurerais, mais je ne le parierais pas. Mais les Normands de