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On lit dans les poésies de G. Coquillart, page 219, édition de Paris, 1723 :

La propre veille de Saint-Jhean,
En la sepmaine à deux jeudis,
Il fut fait et créé notaire
Au balliage de Pauquaire.

jeûne. — Double jeûne, double morceau.

Le vingt-troisième canon du concile d’Elvire avait institué des jeûnes doubles, c’est-à-dire de deux jours de suite, sans rien manger le premier de ces deux jours. De là le proverbe, dont le sens moral est très bien développé dans le passage suivant de Bossuet : « Moins une chose est permise, plus elle a d’attraits. Le devoir est une espèce de supplice. Ce qui plaît par raison ne plaît presque pas. Ce qui est dérobé à la loi nous semble plus doux. Les viandes défendues nous paraissent plus délicieuses durant le temps de pénitence. La défense est un nouvel assaisonnement qui en relève le goût. »

Les Basques disent : Barurac hirur asse, le jeûne a trois soûlées. Ces trois soûlées sont le souper de la veille, le dîner du jour et le déjeûner du lendemain.

Notre proverbe se rend encore de cette manière : Double jeûne, double collation.— Le mot collation a une origine curieuse. Formé du latin collatio, conférence, il servit d’abord à désigner un usage pieux des couvents, qui consistait à lire les conférences des pères de l’Église, collationes patrum ; et pendant longtemps faire collation ne signifia pas autre chose que vaquer à cet exercice, pour lequel on se réunissait, vers la fin de la journée, dans le cloître ou dans le chapitre. J’indique ces localités, parce que le sens de l’expression resta le même tant qu’elles furent consacrées à la conférence. Le nouveau sens qu’on y attacha depuis prit naissance au réfectoire, où les moines jugèrent plus commode de se rassembler, lorsque, sous prétexte de l’épuisement que pouvait leur causer le travail des mains qui leur était expressément recommandé, ils eurent obtenu la permis-