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GOU

phore empruntée de la fauconnerie, où l’on appelle gorge la mangeaille de l’oiseau de proie, qui se la voit souvent arracher du jabot par le fauconnier, lorsque celui-ci veut qu’il chasse.

L’oiseau ne vole pas sur sa gorge.

Au propre, l’oiseau ne vole pas à la poursuite du gibier, quand il est repu ; au figuré, l’on ne doit pas se livrer à un violent exercice en sortant de table.

Faire une gorge chaude de quelque chose.

Gorge chaude est un terme de vénerie par lequel on désigne la viande du gibier vivant ou récemment tué qu’on donne aux oiseaux de proie ; et c’est parce que ces oiseaux sont très friands d’une telle curée, qu’on a dit des personnes qui se réjouissent d’une chose, qu’elles en font une gorge chaude ou des gorges chaudes.

goujon. — Avaler le goujon.

Se laisser attraper, se laisser prendre à une supercherie, à un conte, comme font M. et madame Oronte dans la comédie de Crispin rival, lorsqu’ils ajoutent foi à deux fripons de valets qui leur parlent de deux étangs où l’on pêche tous les ans pour 2 000 francs de goujons.

goussaut. — C’est un franc Goussaut.

Un seigneur de la cour de Louis XIII fesait une partie de piquet dans un cercle. Ayant reconnu qu’il n’avait pas bien écarté, il s’écria : Je suis un franc Goussaut. Or, Goussaut était le nom d’un président qui jouait très mal et qui passait pour un imbécile. Ce président se trouvait par hasard derrière le joueur, qui ne le croyait pas si près. Choqué de l’expression, il répondit avec colère : Vous êtes un sot. Et l’autre repartit, sans se déconcerter : Vous avez raison ; c’est précisément cela que j’ai voulu dire.

On a prétendu que la locution a dû son origine à cette anecdote, mais elle a été prise indubitablement de la fauconnerie, où le terme de goussaut s’emploie pour désigner un oiseau peu allongé et trop lourd pour la volerie, comme la buse.