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Montaigne l’a employée en parlant des femmes qui, après avoir fait mauvais ménage avec leurs maris, paraissent inconsolables quand ils sont morts. « Est-ce pas, s’écrie-t-il, de quoy ressusciter de despit, qui m’aura craché au nez, pendant que j’estoy, me vienne frotter les pieds quand je ne suis plus ? Ne regardez pas à ces yeux moites et à ceste piteuse voix. Regardez ce port, ce teinct et l’embonpoint de ces joues soubs ces grands voiles. C’est par là qu’elle parle françois. »

Montaigne dit encore : « Il faut parler françois, il faut montrer ce qu’il y a de bon et de net dans le fond du pot. »

Les Latins se servaient de l’expression latinè loqui, parler latin, à laquelle ils attachaient le même sens.

Parler français signifie aussi parler avec autorité, d’un ton menaçant ; et il n’est pas besoin de remarquer que cette nouvelle acception n’a pas été fondée sur le caractère de la langue, mais sur celui du peuple qui la parle.

francolin. — Muet comme un francolin pris.

Le francolin, que Gesnerus nomme gelinotte sauvage et perdrix de montagne, est un oiseau pulvérateur qui multiplie beaucoup. Il ne s’apprivoise pas et devient muet dans l’état de captivité ; mais il recouvre la voix quand la liberté lui est rendue. C’est ce que dit le vieux naturaliste Belon, dans le quatrain suivant de son livre intitulé : Portraits d’oiseaux :

Le francolin étant oiseau de pris,
En liberté chante et se tait en cage ;
Aussy celui qui a peu de langage
Est dit Muet comme un francolin pris.

frelampier. — C’est un frelampier.

C’est un homme de peu ou de rien. — Les uns dérivent ce mot de frélampe, menue monnaie de douze à quinze deniers, qui d’ordinaire était entre les mains des pauvres gens ; d’autres, avec plus de raison peut-être, le font venir de frère lampier, frère allumeur de lampes dans les couvents. Borel l’explique par charlatan ; mais cette acception n’est plus usitée, si elle l’a été.