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FOU

mieux mieux, un fossé plein d’eau, qui allait en s’évasant d’un bout à l’autre. Les sauteurs commençaient par la partie la plus étroite et continuaient jusqu’à ce qu’ils fussent arrivés à la plus large. C’est là qu’ils aspiraient à signaler leur agilité. Mais il était fort rare que leur élan dépassât la distance des deux bords, et presque tous tombaient dans l’eau la tête la première. De là ce dicton. Au bout du fossé la culbute, dont on se sert lorsque, se conduisant avec étourderie ou avec audace, on veut faire entendre que, s’il en résulte pour soi des suites fâcheuses, on ne s’en plaindra point, on les verra d’un œil indifférent.

fou. — Le fou se trahit lui-même.

Traduction littérale d’un proverbe latin qui se trouve dans Sénèque : Stultus ipse se prodit.

Le cœur de l’insensé publie à haute voix ses folles pensées. Cor insipientium provocat stultitiam. (Salom., Prov., chap. xii, ℣ 25.)

Le cardinal Mandruce disait : Ce n’est pas être fou que de faire une folie, mais c’est l’être que de ne pas savoir la cacher. Le proverbe allemand qui correspond au nôtre est très spirituel : Der Kuckuck seinen einigen Namen ruft aus. Le coucou chante son propre nom.

Celui des Italiens se fait remarquer par le même caractère : Se tacesse la gallina non si saprebbe che a fatto l’uovo. Si la poule n’avait pas chanté, l’on ne saurait pas qu’elle a pondu.

Qui ne sait être fou n’est pas sage.

La multitude des fous est si grande, que la sagesse est obligée de se mettre sous leur protection. Sanitatis patrocinium est insanientium turba. (St Augustin, de Civit. Dei, lib. vi, c. 10.) Il faut avoir un peu de folie, qui ne veut avoir plus de sottise. (Montaigne, Ess., liv. iii, ch. 9.) On n’est estimé sage qu’autant qu’on est fou de la folie commune. (Fontenelle.)

Il vaut mieux être fou avec tous que sage tout seul. Le sage qui se trouve en compagnie des fous ne doit pas