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ÉVÉ

Mais d’embrasser tant de matières
En ung coup, tout n’est pas empraint.
Qui trop embrasse, mal estraint.

(G. Coquillart.)

Plus les bras sont étendus, plus leur action est bornée : ils ne saisissent bien que les objets autour desquels ils se replient. Il en est des facultés de l’esprit comme des bras. Les exercer sur trop de matières à la fois, c’est les affaiblir. Il faut les concentrer pour qu’elles aient toute leur énergie. Musschembroěck disait : Dum omnia volumus scire, nihil scimus ; en voulant tout savoir, nous ne savons rien.

Pluribus intentus minor est ad singula sensus.

On avait érigé à Buffon une statue où on lisait ces mots : Naturam amplectitur omnem, il embrasse toute la nature. Un plaisant y ajouta : Qui trop embrasse mal étreint. Buffon alors fit supprimer l’éloge et la critique.

événement. — Les grands événements procèdent des petites causes.

Cette maxime, passée en proverbe, est devenue le sujet et le titre d’un ouvrage où sont rapportées beaucoup de petites particularités qui ont influé sur de grandes affaires. Cependant la disproportion qu’on remarque entre la cause et l’effet n’est pas aussi réelle qu’on se l’imagine. La Harpe regarde cette disproportion apparente comme la suite nécessaire de la différence de rang et de pouvoir. « Les passions, dit-il, c’est-à-dire les affections qui ne sont pas dans l’ordre de la raison, sont petites en elles-mêmes, comme l’avarice, l’amour, la jalousie, etc., ou très susceptibles de petitesses, comme l’orgueil, l’ambition, la haine, la vengeance, etc. Elles occasionnent les mêmes incidents chez ceux qui gouvernent et chez ceux qui sont gouvernés, avec cette différence que, dans les conditions inférieures, ces incidents n’ont qu’une influence obscure et bornée, et qu’ils en ont une très étendue et très sensible dans les personnes qui ont entre leurs mains les destinées publiques, et qui ne sont pas toujours mues par des ressorts proportionnés