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claves lorsqu’ils n’acquittaient pas leurs dettes selon la parole qu’ils avaient donnée, comme l’atteste le passage suivant des Assises de Jérusalem (ch. 119) : « Si aucun autre que chevalier doit dète…., il doit estre livré à celui à qui il doit ladite dète ; et il le peut tenir comme son esclaf, tant que il ou aultre pour lui ait paié ou faict son gré de ladite dète, et il le doit tenir sans fer, mais que un anneau de fer au bras pour reconnoissance que il est à pooir d’autrui pour dète. »

Quelques auteurs ont fait dériver l’expression Être esclave de sa parole de ce que, chez les Gaulois, le débiteur insolvable allait trouver son créancier, lui présentait une paire de ciseaux, et devenait son esclave en se laissant couper les cheveux.

Le mot esclave a aussi une origine historique. Il est formé de sclavus, sclave, esclavon ou slave, nom d’un peuple originaire de la Scythie, parce que beaucoup de Slaves faits prisonniers, soit à l’époque de leur établissement sur les côtes de l’Adriatique, soit à l’époque de leur irruption sur les frontières françaises, sous le règne de Dagobert, furent vendus comme serfs dans les principaux marchés de l’Italie et de la France[1]. Ce mot doit être ajouté à la liste de ceux qui ont dégénéré ; car dans la langue d’où il a été tiré il signifie illustre, glorieux.

espagne. — Faire des châteaux en Espagne.

C’est prendre son imagination pour architecte et bâtir dans le vide, c’est-à-dire former des projets en l’air, se repaître d’agréables chimères. On a fait plusieurs conjectures sur cette façon de parler proverbiale, sans en donner une explication satisfaisante. Certain étymologiste a voulu voir en elle une allusion aux mines d’or et d’argent qui se trouvaient jadis en Espagne, où une tradition mythologique avait placé la demeure souterraine de Plutus, et même aux pommes d’or du jardin des Hespérides, quoique ce jardin fût sur la côte d’Afrique. Fleury de

  1. L’usage barbare de vendre les prisonniers faits à la guerre n’était pas encore tout à fait aboli au dix-septième siècle. M. de Chateaubriand a remarqué que dans les guerres des Anglais contre Charles Ier, pour la liberté des hommes, on vit ces fameux niveleurs vendre comme esclaves les royalistes pris sur le champ de bataille.