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térise la vivacité française, et l’autre la gravité castillane, expriment, d’une manière contradictoire, qu’on ne doit pas interrompre la digestion par un travail sérieux, et ils sont fondés sur cet aphorisme de l’école de Salerne :

Post cœnam, stabis — vel passus mille meabis.
Après dîner tu te reposeras — ou tu feras mille pas.

Mais notre proverbe s’emploie presque toujours pour signifier que lorsqu’on a fait bonne chère, on ne songe qu’à se divertir. C’est le sens qu’il avait chez les Grecs de qui nous l’avons emprunté, comme on peut le voir dans les Causes naturelles de Plutarque (ch. 21), où il est rapporté.

L’usage de danser en sortant de table n’a jamais cessé d’exister dans les fêtes villageoises. Aussitôt que les paysans ont satisfait leur appétit, ils sautent et folâtrent sur l’herbe, au son des musettes ou du tambourin, et ils se moquent des citadins qui digèrent mollement sur des canapés.

Théophraste, dans ses Caractères, a signalé comme un contre-temps ridicule l’invitation de danser faite à un homme à jeun.

Donner une danse à quelqu’un.

C’est le châtier, parce que celui qu’on châtie se débat sous les coups qu’il reçoit, et semble exécuter une espèce de danse. — Les Grecs disaient, dans le même sens : Faire chanter à quelqu’un le bonheur des tortues. Ce qui s’explique par ce passage d’une comédie d’Aristophane : « Ô tortues, que votre enveloppe vous rend heureuses ! vous êtes trois fois plus heureuses que moi avec ma peau. Cette écaille placée sur votre dos vous empêche de sentir les coups ; mais, hélas ! rien ne garantit mon dos, et dès qu’on me bâtonne je suis à la mort. »

Le mot danse, au xve siècle, était souvent employé pour signifier des remontrances, des reproches, une moralité, une leçon, une correction ; et c’est pour cela qu’il servit de titre à plusieurs ouvrages, tels que la Danse macabre, la Danse des morts,