un monde.
Sur notre invisible tombe, la lampe,
sans le savoir, illumine notre néant ; et le ver
qui a rongé notre éternité trône et sibyllise
à notre place, habillé de notre nom.
Nos funérailles sont plus tristes que funérailles
de rois, ou de doges ; notre vie est partout,
notre mort aussi ; notre cadavre gît dans tout
ce qu’on respire, dans l’air, dans la nuit, dans
l’étoile, dans la fleur, et dans le son,
et dans la haine, et dans l’amour, et dans le
cœur qui nous a faits. Pour nous creuser
notre fosse, il ne faut rien qu’un nom plus
grand que le nôtre. Ce nom tombe sur nous
comme la terre qu’on jette aux trépassés ; et
le grand fossoyeur, qui nous brouette dans
l’abîme, écrit sur nos têtes : ci-gît un dieu ;
et c’est fini.
Qui sommes-nous ? Ou tout ou rien ; ou l’univers
ou moins qu’un mot ; peut-être une ombre ;
ombre de quoi ? De l’infini qui va, et vient,
et monte, et descend tout le jour dans sa tour ?
Dites-le nous : fumée ou cendre, que sommes-nous
dans l’encensoir ?
Le Père éternel.
Vous avez été poussière et vous êtes poussière.
Titans et géants de cent coudées, Brama,
Jupiter, Mahomet, éternités d’une semaine,
vous serez mes écuyers, mes cavaliers, mes fous
de cour et mes nains couronnés, pour m’amuser,
quand je voudrai, dans ma vide infinité.
Mob.
Approchez, villes, tours et colosses d’orient.
Babylone, avec les villes d’orient.
malheur ! Nous sommes les premiers.
Le Père éternel.
Qui es-tu ?